Julia Oseka, une jeune femme de 22 ans, fait partie des dix délégués votants non-évêques des États-Unis et du Canada qui participeront au Synode sur l’avenir de l’Eglise au Vatican en octobre. C'est une étape historique pour l'Eglise qui accueille pour la première fois des délégués votants qui ne sont pas évêques.
Le Synode sur l’avenir de l’Eglise débutera au Vatican, du 4 au 28 octobre, en présence de 366 délégués. Cette assemblée, instituée par le Concile Vatican II, a pour but de réfléchir à une thématique en particulier. Elle s'inscrit dans la réforme du pape en 2013 qui vise à décentraliser la gouvernance de l'Eglise catholique, en incluant désormais tous les diocèses et toutes les paroisses.
Selon le vademecum du Secrétariat Général du Synode des Evêques, publié en septembre 2021, les premiers Synodes visaient à réunir uniquement des évêques avec et sous l’autorité du Pape. Pour la première fois, l’Eglise souhaite que tous puissent "participer activement". Le Bureau de presse du Saint-Siège a donc partagé la liste des participants au Synode le 7 juillet dernier et sur les 366 délégués, le pape a choisi 70 non-évêques dont la moitié sont des femmes, Julia Oseka est l'une d'entre elles.
Sélectionnée par plusieurs membres du SCHEAP (groupe de Synodalité dans l’enseignement supérieur catholique de l'archidiocèse de Philadelphie) lors d’une séance d’écoute intercollégiale à l'Université La Salle en avril 2022, elle est devenue l’une des trois délégués de Philadelphie à l’Assemblée continentale nord-américaine du synode.
Dans une interview réalisée par Catholic News Agency (CNA), Julia Oseka explique qu'elle est étudiante à l’Université St. Joseph de Philadelphie, dans la section physique et théologique.
Originaire de Pologne, elle est devenue, l’année dernière, leader du groupe SCHEAP qui favorise l’impact de la voix des étudiants de Philadelphie au Synode. La jeune femme, boursière en physique du prestigieux programme John P. McNulty à l'Université Saint-Joseph, se définit comme féministe et rêve un jour de devenir professeure de physique. Elle a déclaré à CNA qu'elle trouve son inspiration en Thérèse de Lisieux, qu’elle considère comme “une docteur de l'Église et une grande femme."
Lors du Synode 2023, les participants seont amenés à discuter de sujets souvent considérés tabous au sein de l'Eglise tout en étant attentif “en tant que Peuple de Dieu tout entier, à ce que l'Esprit Saint dit à l'Église”.
“Nous le faisons en écoutant ensemble la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition vivante de l'Église, puis en nous écoutant les uns les autres, et surtout ceux qui sont en marge, en discernant les signes du temps.”
Dans un rapport réalisé en juillet, le Vatican annonçait les sujets qui seront abordés comme la place des femmes, le statut des prêtres ou encore la sexualité et les communautés LGBT+.
Oseka a déclaré à CNA que les membres de la communauté LGBTQIA+ “devraient jouer un rôle plus important dans l'Église”. Ils font partie de ceux qui sont “en marge”. Lors des réunions synodales organisées par SCHEAP, elle s’est aperçue qu’il y a “des gens dans l’Eglise qui sont mal desservis”.
"Ils sont à la 'périphérie', comme dirait le Pape François - peu d'attention ou de conseils sont consacrés à ces personnes et les jeunes font partie de ce groupe, je crois, comme beaucoup de mes pairs l'ont exprimé, et j'espère et je souhaite plus d'espaces pour qu'ils soient le présent de l'Église actuellement".
Samedi dernier, sur la place Saint-Pierre, une veillée de prière œcuménique en faveur du Synode, était organisée pour mettre en avant l’unité des chrétiens “en silence devant la Croix”. Julia Oseka espère que le Synode "facilitera l'ouverture à l'Esprit" et que les cœurs seront réceptifs "aux surprises" et auront le courage de les accepter.
A l'automne 2024, une nouvelle assemblée générale à Rome, reprendra les grandes lignes du Synode. Un texte final rédigé par le pape est ensuite attendu.
Mélanie Boukorras